Circuit réalisé à vélo en corse
Cette année, c’est décidé, je visiterai la Corse à vélo. Je n’y suis jamais allé et habitant depuis maintenant deux ans à Avignon, il m’est facile en une journée de rejoindre à vélo le port de Marseille.
Le dimanche 26 mai, c’est le départ de la maison. La première partie est sans grande difficulté. La seconde partie devient plus difficile, il faut partager la route avec des conducteurs peu habitués aux cyclistes. C’est par une petite route que j’atteins, sans difficulté, le port de Marseille. Il est 15 h, les premiers croisiéristes font déjà la queue devant les grilles du port encore fermées. J’appréhendais un peu la traversée de Marseille, mais finalement tout s’est bien passé.
Embarquement
En attendant l’embarquement, je discute avec des motards. A 17 h, on nous autorise à embarquer. Privilège des deux roues, je suis en tête du cortège des motards. Un dernier regard à mon compteur indique 100 km tout rond. Le vélo est rangé dans un espace spécifique, je suis le seul cycliste à bord. En attendant le départ, j’observe du pont arrière le balai des dockers qui chargent les remorques de vivres nécessaires à la vie de l’île.
Après une nuit en mer, nous arrivons au petit matin à Bastia. Pas de chance, il pleut sur l’ensemble du Cap Corse. Après m’être équipé pour la pluie, je prends la route plein nord et rapidement je commence à apprécier le calme des routes corses. Entre les averses, le paysage et les petites criques du Cap Corse s’offrent au regard. Une descente au petit village de Centuri est idéale pour me restaurer. C’est un village de pêcheurs, réputé pour ses coquillages qui font la grande joie des touristes. La route longe la mer jusqu'à Saint-Florent ce qui mérite des pauses pour prendre des photos et visiter quelques églises.
Le port de Centuri
Je continue mon parcours le long du désert des Agriates. Sur le bord de la route, de nombreuses agences proposent de « découvrir » ce site en 4x4. Je préfère de loin grimper dans la montagne pour découvrir les petits villages de la route des artisans. Cela commence à grimper, mais quelle joie d’admirer la vue sur la mer ! Je m’arrête pour visiter le pittoresque village de Pigna. C’est de la montagne que le golfe de Calvi s’offre à la vue, ce sera une étape pour la nuit.
Visiter Calvi de bon matin permet d’éviter le flot des touristes. Sur le trajet, un petit détour donne accès à l’église de Notre-Dame de la Serra où l’on peut profiter de la vue sur la citadelle. Et toujours ce même plaisir à longer la côte en admirant à droite les baies et à gauche la montagne. En arrivant à Porto, la route est étroite à flanc de falaise. La roche se pare d’ocres qui réfléchissent la lumière du soleil couchant. Le contraste avec le bleu de la mer est saisissant. Dans un dernier virage, alors que je n’y croyais plus, surgit au bas de la falaise le village de Porto. Ce sera mon coup de cœur durant ce voyage.
Mon voyage continue par les gorges de Spelunca que l’on m’a chaudement recommandées. La montée se fait par le village d’Ota pour admirer le pont génois. Comme je souhaite voir les calanques de Piana et le village de Cargèse pour ses églises, je dois redescendre à Porto.
Mon passage à Ajaccio est très rapide car j’ai envie de déjeuner en face des îles Sanguinaires. Afin d’éviter la voie express qui contourne la baie d’Ajaccio, dangereuse à vélo, on me recommande de prendre un bateau. Renseignements pris, le prochain bateau est à 17 h. C’est ainsi que j’ai visité depuis mon vélo la ville natale de Napoléon où l’on peut voir sa maison, là où il vécut ses premières années ; c’est aujourd’hui un musée. Après une traversée de 40 minutes, je suis à Porticcio.
Maison Bonaparte
Je continue mon périple jusqu’à Sartène où je fais une pause. La ville nichée sur un promontoire abrite un centre historique qui mérite une visite. On y découvre des originalités corses comme un restaurant proposant des spécialités de Corse et de Bretagne.
Afin d’éviter les grands axes, on peut continuer la route en longeant l’Ortolo et ses vignobles au pied de la chaine de Cagna. Au village de Mola, il m’a fallu trouver un habitant pour faire le plein de mes gourdes. Quelle n’a pas été ma déception quand j’ai vu que toutes les maisons étaient fermées ! Par chance, en sortant du village, j’ai trouvé une source qui m’a été d’un grand réconfort pour continuer ma route sereinement.
À Bonifacio, je m’accorde une journée de pause pour visiter la vieille ville et ses nombreux monuments classés, la moitié de l’île d’après le guide. C’est l’occasion pour moi d’en apprendre un peu plus sur l’histoire de la Corse, que l’on étudie peu en classe sur le continent.
Bonifacio au soleil couchant
Après cette journée de repos, je dois maintenant envisager le retour à Bastia. Mon choix, depuis le début, est de remonter par les terres, pour découvrir la montagne corse. Il me faut une heure pour rejoindre Porto-Vechio. J’attaque la mythique montée des cyclistes vers l’Ospedale. Dans mon dos, la Sardaigne semble toute proche. Les treize kilomètres se font sous les encouragements des motards et des Corses. Après le col, c’est un déjeuner bien mérité qui s’impose devant le lac d’Agnarone. Pendant deux jours, je vais découvrir une autre Corse, celle qui ne vit pas du tourisme balnéaire. Ici le temps semble s’être arrêté. A ma grande surprise les chiens sont stoïques à mon passage, même pas un aboiement. Il me faut prévoir la nourriture pour les deux jours, car il sera difficile de trouver des provisions dans les petits villages traversés.
Lac d’Agnarone
À Aullène, je prends une bière dans le plus vieil hôtel de Corse, tenu par la même famille depuis cinq générations. Je remplis la vache à eau à la fontaine du village en prévision d’un bivouac ce soir et j’attaque le col, en regardant s’il est possible de me trouver un petit coin pour la nuit. Tranquillement les lacets s’enchaînent, la vue sur Aullène avec le soleil couchant ne me fait pas regretter mon choix. Arrivé au col,je repère un terrain plat caché de la route. Ce sera mon lieu de repos pour une nuit. Je mange sur le bord de la route en attendant la tombée de la nuit. Un troupeau de vaches en pâture semble surpris par ma présence. Un peu plus tard, c’est un petit cochon noir qui viendra à ma rencontre. À la nuit tombée, la tente est montée.
Dès l’aube, je suis debout pour prendre mon petit déjeuner avec le lever du soleil. Puis je me laisse descendre au premier village pour acheter de quoi grignoter. Durant cette journée, par deux fois, j’aurais l’occasion de rencontrer et d’échanger avec des Corses sur la situation des campagnes. Je rattrape la T20 pour arriver en fin d’après-midi à Corte.
Pour la dernière étape, je décide de ne pas prendre la T20, mais de rejoindre Bastia en ne prenant que des routes jaunes et des routes blanches. C’est ainsi que la dernière étape sera de 130 kilomètres au lieu des 70 kilomètres prévus. Je ne regrette pas mon choix, ce trajet me permet de découvrir des petits villages qui essayent tant bien que mal d’attirer le touriste. A Ponte-Novu, ce sera la montée la plus dure de tout mon trajet pour rejoindre Lento. Quel bonheur quand j’arrive enfin au col !La vue sur le Cap Corse, entre Saint-Florent et Bastia est splendide. Une dernière pause pour reprendre des forces et c’est l’occasion de découvrir l’église San-Michele à Murano qui serait l’une des plus belles églises de Corse, de style pisan datée du XIIe siècle.
L’église San Michele
L’aventure vers Bastia continue par le col de Teghime. Dans les derniers kilomètres, je casse ma chaîne. Il me faut pousser le vélo jusqu’au col pour me laisser ensuite descendre à Bastia. Après avoir demandé l’hospitalité aux habitants, c’est un prêtre qui accepte de m’héberger dans son église pour la nuit. L’église étant sur le port, on ne pouvait pas faire plus près des Ferries. En discutant, nous découvrons que nous avons tous les deux fait des études dans l’agriculture. Ce fut l’une de mes plus belles rencontres, certains y verront peut-être un signe divin.
Une fois le vélo réparé, je consacre ma dernière journée à visiter Bastia avant de prendre le bateau.
Durant ces dix jours en Corse, j’ai découvert deux facettes de l’île. Une façade maritime tournée vers le tourisme de masse et une Corse profonde en montagne, qui vit des randonneurs et semble appartenir à une autre époque.Je garde de très bons souvenirs de cette escapade, pour la beauté des paysages et aussi pour la gastronomie…
EN PRATIQUE :
Comment s’y rendre : De nombreuses compagnies maritimes assurent des liaisons quotidiennes entre Marseille ou Nice et les grands ports de Corse.
Où se loger : Sur la côte, il y a de nombreux camping pour tous les budgets à partir de 10 €/personne. Dans les terres moins touristiques, vous trouverez des gîtes ou des hôtels.
A quelle période : J’ai choisi de parcourir la Corse en mai/juin pour éviter les grosses chaleurs.
Parcours : J’ai fait 950 km en 9 jours de vélo, pour un dénivelé de 11 000 m. Les routes en montagne ont l’avantage d’être longues et d’épouser les montagnes, ainsi, à quelques rares exceptions, la pente n’excède jamais 6 à 7 %.