Circuit réalisé à vélo en Bretagne
Petit, avec mes parents, la Bretagne Sud était une destination le temps d’un weekend. La Bretagne Nord m’est moins connue. En arrivant à Angers, j’ai rejoint un groupe de cyclistes amateurs et fait la connaissance d’Andreas, un lycéen d’une quinzaine d’années enthousiaste à l’idée de découvrir le voyage à vélo et le bivouac, durant une semaine. S’il est capable de faire une grosse sortie hebdomadaire, j’ignore si mon compagnon sera capable d’enchainer plusieurs jours de vélo.
En ce matin du 9 juillet, à la gare d’Angers, les vélos sont montés sans difficulté dans le TER pour Rennes. Passage par le parlement de Bretagne, avant d’emprunter la voie verte le long du canal d’Ile et Rance. On avance bien le long des canaux, il fait beau. Nos pérégrinations nous amènent à Combourg dominé par le château se reflétant dans les eaux bleutées du lac. C’est l’occasion d’une visite guidée. L’ambiance austère qui règne dans ces lieux plonge le visiteur dans les “mémoires-d’outres"-tombes” de François-René de Châteaubriand. Andreas achète le livre qu’il lira le soir. Après la visite, le circuit passe par Dinan, accueil chez ma tante.
Combourg
La balade du lendemain permet de découvrir la Rance, et ses petits ports de pécheurs. À marée basse les limicoles profitent du retrait des eaux pour se nourrir dans les vasières. La voie verte emprunte le pont Saint-Hubert et continue sur un chemin de halage vers la pointe de Saint-Suliac. De la pointe, admirons ces scènes bretonnes, une régate, des pêcheurs larguant les amarres.
Saint-Malo est rallié pour midi, après un petit tour en ville, arrêt dans une crêperie. Une photo devant les remparts et reprenons la route pour Dinard en empruntant le barrage de la Rance. La vélomaritime zigzague entre terre et mer quand soudain apparaît le village de Matignon, photo pour l’occasion. Ce soir, bivouac à côté d’un champ de maïs.
Saint-Malo
Passage au Cap-Fréhel avec un arrêt au Fort la Latte, château surplombant la mer pour protéger les routes commerciales. L’itinéraire balisé longe la côte, les criques sont plus belles les unes que les autres. Pas un nuage ; à tous les médisants, non il ne pleut pas tout le temps en Bretagne ! Déjeuner à Erquy face au port. Traversons Saint-Brieuc dans l’après-midi avant d’en sortir rapidement par un viaduc où est aménagée une piste cyclable le long de la quatre voies. Ce n’est pas du plus agréable. Les indications manquantes, n’ont pas permis de rejoindre le pittoresque port du Légué. À Plérin, on rencontre Pierre-Yves en vélo. À la retraite, cet ancien commercial a délaissé sa voiture pour un vélo. Après avoir emprunté la vélodysée l’année dernière, jusqu'à Hendaye, il repart à l’automne pour longer la Loire jusqu'à sa source au Mont Gerbier-de-Jonc. Repos à Binic au camping des fauvettes. Il n’est pas cher, et offre une vue incroyable sur la baie.
Passage à Plouha, admirer une des plus veilles églises de Bretagne, datant du XIIIe siècle, Kermaria an Iskuit. Le GPS nous conduit à Paimpol à travers des chemins et des petites routes. Réconfort avec des moules frites en terrasse, Andreas découvre le kir breton. Continuons vers Perros-Guirec et la côte de granit rose et ses magnifiques hortensias avant de descendre à Lannion pour dormir chez Jean-Pierre, un CCiste rencontré à l’AG au mois de mai. Autour du barbecue, échanges nourris sur nos voyages respectifs.
Perros-Guirec
Le jour suivant, la vélo route passe par Morlaix puis longe la rivière de Morlaix. En prenant de l’eau dans un cimetière, Andreas découvre quatre tombes au nom de sa famille. Le cantonnier, nous apprend qu’il reste un Saillour dans le village. Andreas envisage de le contacter pour enquêter sur ses origines.
Plouescat marque l’entrée dans le pays des Abers. À la sortie de Goulven, une belle prairie face à la mer est idéale pour installer le bivouac. Une fois la tente montée, Andreas se propose de faire la cuisine, je me retrouve dans le rôle du transmetteur. En ce soir du 13 juillet, nous guettons les feux d’artifice, puis, las d’attendre, allons nous coucher. Soudain le galop de chevaux sur le sable nous sort du sommeil. Il s’agit d’un spectacle pyrotechnique que nous ne pouvons apercevoir. Dans la nuit, la lune rousse contraste avec les nappes blanches, de brouillard, à quelques centimètres du sol.
Nous atteignons enfin Plouguerneau et décidons d’aller voir le phare de l’île vierge. Sur les derniers kilomètres, nous traversons des villages balayés par le vent, une sensation de bout du monde nous envahit. Enfin, le colosse de pierre se dresse face à nous. Le contraste de la pierre blanche du plus haut phare de pierre d’Europe, avec le bleu turquoise de la mer est photogénique. Malheureusement le temps est limité, et n’est pas suffisant pour continuer jusqu'à la pointe du Finistère, je reviendrai pour faire de la photo. On s’accorde quand même du temps pour longer l’Aber-Wrac’h et faire quelques clichés. C’est pour moi la plus belle partie du voyage.
Ile vierge Aber Wrach
À Lanilis, le compteur affiche déjà 40 km et devons être ce soir au Sud de Carhaix voir une connaissance d’Andreas, cela sera une grosse étape. Après le déjeuner, nous découvrons les monts d’Arrée. J’aime l’ambiance champêtre qui règne au milieu de ces hêtres centenaires. En quelques kilomètres, la route grimpe à plus de 300 mètres avant de redescendre dans la plaine, en alternant faux plat montant et descendant. Une semaine plus tard, nous aurons tous les deux une sensation de malaise en voyant les flammes détruire les forêts ancestrales que nous venions de traverser. Les kilomètres s’enchaînent, la fatigue et la nervosité s’installent. Le pallier des 150 km passé, nous avons un regain d’énergie, malgré nos montures chargées, l’allure est bonne. Arrivé à Guiscrif, chez Elodie, vers 21 h : 170 km au compteur et le dénivelé d’une étape de montagne La soirée est passée à refaire le monde.
Nos organismes avaient besoin de repos après nos exploits de la veille. Départ à 11 h. Comme la veille, nous traverserons des zones moins développées économiquement. De Pontivy, nous rejoignons Josselin et le château des Rohan, par le canal de Nantes à Brest. Nous trouvons à bivouaquer dans un chemin creux, juste avant que le soleil se couche. Au moment d’allumer le réchaud, le briquet ne fonctionne plus, il a certainement pris de l’humidité. Andreas s’exclame « J’ai les briquets achetés pour mon père à Saint-Malo ». Sauvé ! Ni une, ni deux, à la lumière de la frontale nous vidons une première sacoche, puis la seconde avant de regarder les mienne. Il faut se faire à l’idée, nous avons laissé sur notre route les briquets et le reste des souvenirs achetés par Andreas. Après réflexion, le paquet est soit chez Jean-Pierre, soit chez Elodie. L’histoire se terminera bien pour Andreas, Jean-Pierre lui enverra le paquet par la Poste. Pour l’heure, nous mangeons des biscuits et du muesli en prévision de l’étape de demain, note à moi-même, prévoir deux briquets.
Fiers de nos 170 kilomètres d’avant-hier, aujourd’hui, pourquoi ne pas tenter de rejoindre Angers d’une traite ? Il y a environ 200 kilomètres ; au pire, on s’arrêtera si le corps ne suit pas. Départ à 8 h 30. Andreas n’a pas de pêche ce matin. J’ai des doutes sur nos capacités à être à Angers ce soir. A notre rythme nous traversons Ploërmel puis Bain de Bretagne en île et Vilaine. Nous déjeunons à Lohéac près du manoir de l’automobile. Un membre de la FFCT locale vient à notre rencontre, ils organisent la rencontre nationale le mois prochain à proximité, nos 200 kilomètres du jour ne l’impressionnent guère. Après le déjeuner, Andreas à retrouvé des forces. On passe furtivement en Loire-Atlantique avant d’entrer dans le Maine-et-Loire.
Un détour au Soudan
Il est 20 h, quand les tours du château de Challain-la-Potherie se laissent apercevoir. Un food truck à pizzas est installé sur la place du château. Après la commande nous demandons si l’on peut se poser dans le parc du château, la pizzaïolo dit que c’est possible. Une fois installés, un employé vient nous demander ce que nous faisons là : propriété privée et nous demande de partir. Nous nous exécutons, mais Madame Nicholson, la propriétaire, arrive et nous invite à rester. Remerciement avec un grand sourire. Dîner devant ce magnifique château XIXè siècle, construit, pour la famille de la Rochefoucauld, par l’architecte René HODE, une célébrité en Anjou pour avoir dessiné de nombreuses belles demeures. Ce monument est surnommé le Chambord du Maine et Loire. Un employé vient à notre rencontre et nous demande en anglais d’où nous venons, nous apprenons qu’il a fait la Loire à vélo en gravel avant la Covid. Nous aurions probablement pu planter la tente dans le parc, mais la vie de château a ses limites : reprenons la route.
Challain-la-Potherie
Peu après nous allumons nos lumières pour rouler de nuit. Nos derniers kilomètres passent par une succession de petits villages. On se croirait dans la Race Across Europe, une course longue distance à travers l’Europe, il est agréable de rouler avec des températures clémentes. Minuit trente, on passe le panneau Angers, une joie immense nous envahit, objectif atteint ! Le GPS n’indique que 195 km, Nous tournons en rond dans la ville pour arrondir à 200 km. Photo souvenir sur la place du ralliement avant d’aller boire un verre. A mon étonnement, le lendemain, aucunes courbatures, juste une petite fatigue liée au manque de sommeil plutôt qu’à l’effort physique. En prenant son temps, tout est possible.
Encore une belle sortie cycliste à notre porte. Une découverte pour Andreas et un voyage initiatique sur plusieurs points. Mon compagnon a appris à faire des courses, cuisiner et gérer un budget, Il pense repartir avec des copains de son âge l’année prochaine.
EN PRATIQUE :
Comment s’y rendre : Rennes est facilement accessible en train, dans les TER il n’y a pas besoin de démonter le vélo, les nouveaux wagons sont aménagés pour suspendre les vélos. Il y a de nombreuses petites lignes de train qui desservent les côtes bretonnes.
De Saint-Malo à Dinard, pour éviter le barrage de la rance, vous pouvez emprunter un bateau depuis la cale de Dinan pour 6 € (2022).
Où se loger : sur la côte, il y a de nombreux campings pour tous les budgets à partir de 10 €/personne. Pour plus de confort, vous trouverez des Beds and Breakfasts.
Parcours : Nous avons fait 960 km en 8 jours de vélo, pour un dénivelé de 3 500 m. La Bretagne n’est pas plate, on ne fait que monter et descendre, pas longtemps, mais avec de bon pourcentages.