2023 - Suisse
Circuit réalisé à vélo en Suisse
En 2017, ma traversée des Alpes s’était terminée à Genève en Suisse. Cette fois-ci, je repars en juin 2023 du Jura Français pour rejoindre le Lac Léman.
À l’approche de Lausanne, la circulation devient plus dense, heureusement des voies cyclables sont aménagées. Profitant du relief de la ville, les avenues me guident vers le Lac. La clarté de ses eaux est une invitation à faire quelques longueurs. A pied, je me laisse happer par le tumulte de la ville avant de rejoindre mes hôtes pour la nuit. Victoire et Cyril n’ont pas de voiture, leur connaissance de la Suisse permet d’affiner mon circuit.
C’est un flot de cyclistes qui m’accompagne pour sortir de la ville. Le circuit grimpe à travers le vignoble de Lavaux, classé à l’UNESCO, surplombant le Léman. Je découvre le charme des petits villages suisses. Ici tout le travail se fait à la main. Un monorail serpentant à travers les terrasses permet l’acheminement des récoltes. Seul le klaxon du train, toujours présent, vient rompre ma quiétude.
Vignoble de lavaux
À Aigle, les choses sérieuses commencent pour rejoindre le col des Mosses. N’ayant plus d’entraînement, cela m’est difficile. Au col, petite collation bien méritée avant de se laisser descendre au camping de château d’Œx. Les alpages sont d’un vert tendre mettant en avant dans le paysage de nombreux chalets en bois, Heidi pourrait surgir de n’ importe où !
En sortant de la visite de la fromagerie de Gruyères, j’échange avec un couple d’Australiens qui traversent l’Europe à vélo en longeant les fleuves. Le château qui domine le village est l’occasion de se plonger à l’époque où le fromage fit la fortune du canton et permit la construction de riches demeures avec de somptueuses tapisseries.
Le Gruyère suisse !
La Suisse est constituée de 26 cantons avec chacun une langue officielle parmi le Français, l’Allemand, l’Italien et le Romanche. Ne voyant pas de panneaux pour les changements de canton, c’est seulement en arrivant dans un village ou en m’adressant aux habitants que je découvre que la langue a changé. C’est ce qui se passe cet après-midi en arrivant à proximité de Thun, on ne comprend plus mon français.
En attendant mon hôte du soir, le lac à proximité de sa maison permet de profiter de quelques longueurs. Nager au milieu des montagnes enneigées a quelque chose de grandiose.
Réveil matinal pour prendre le petit déjeuner avec mon hôte, de la cuisine, une chaîne de montagne enneigée se laisse apercevoir. Tout en savourant un repas de prince en prévision de la journée, nos conversations tournent autour de la politique en Suisse, cette force du consensus pour satisfaire tous les citoyens me fascine.
La route traverse de nouveau des prairies verdoyantes où pâturent vaches et moutons. Des panneaux de bois figuratifs accrochés sur la façade des maisons annoncent la présence d’un enfant. La route devient une piste Gravel, ça monte de plus en plus dur. Un fermier me fait comprendre que la véloroute passe plus bas. De nombreuses prairies aux orchidées égaient la route de bleu et de rouge contrastant avec la noirceur d’un ciel d’orage approchant.
Ravitaillement à Sorenberg, le ciel est noir, j’hésite à reprendre mon chemin. La partie boisée me protège des rafales de vent, la pluie mêlée à la grêle vient heurter mon visage. Dans un virage découvert, les rafales de vent manquent de me faire chuter par deux fois. Les éléments sont contre moi. La pluie s’intensifie une dernière fois donnant le coup final. L’orage s’éloigne, le soleil revient le temps de sécher et me voici déjà au col avec une vue dégagée sur la vallée de Sarnen.
Pont couvert à l’entrée de Sarnen
À Buochs, un ferry me transporte sur l’autre rive à Gersau. Le circuit vélo est à proximité de la nationale. Les tunnels les plus dangereux sont contournés le long du lac, permettant quelques instants de retrouver de la sérénité. Les montagnes recouvertes de forêt, plongeant dans le lac d’un bleu azur, sont propices à l’émerveillement et aux réflexions philosophiques.
Avant le déjeuner, commence l’ascension de la journée, le Klausen Pass. Il me faudra 5 h pour le franchir en montant tranquillement. Cela permet d’observer les paysages grandioses et la faune sauvage. Atahualpa prend de la vitesse à travers les alpages, les vaches nous saluent au son du tintement de leur cloche.
A Glaris, mon hôte WarmShowers, Sandra est vétérinaire en zone rurale, on parle de nos métiers. Elle vit en colocation avec une assistante sociale. Difficile à croire, il y a de la misère en Suisse.
La parcours serpente dans une plaine avec quelques petites bosses, je m’approche de St Gallen au bord du lac de Constance. Les routes deviennent de plus en plus larges à l’approche de cette mer intérieure. Heureusement, une piste forestière pour les vélos permet d’éviter le flot de la circulation. En fin de journée, me voici à Arbon pour nager et profiter de la Riviera.
Un camping est trouvé à l’aide du GPS, le chemin qui monte me fait passer sous l’autoroute puis traverser une voie de chemin de fer à crémaillère. Le camping est plein, après discussions, la tente sera montée sur le parking enherbé des voitures. Les propriétaires m’invité à me joindre à la soirée musicale en présence d’une chanteuse. En arrière-plan, nous profitons des couleurs rougeoyantes de cette fin de journée sur le lac.
Après quelques kilomètres à longer le Lac de Constance, la voie cyclable passe en Autriche puis au Liechtenstein. C’est tout plat le long du Rhin jusqu’à Bad-Ragaz, station thermale huppée de la Suisse.
Le Rhin m’accompagne encore ce matin, je laisse la direction de Davos pour Thusis. Le tracé traverse un golf, les mares sont le refuge d’aeschnes venant virevolter autour d’Atahualpa. Cela commence à grimper. Zillis point d’arrêt obligatoire pour visiter l’église Saint-Martin du XIIe Siècle et son plafond peint sur bois racontant la vie du Saint et celle de Jésus.
Église Saint-Martin à Zillis
À l’approche d’Hinterrhein ou la source du Rhin, les odeurs du foin fraîchement coupé viennent chatouiller mes narines. Dans un tel cadre, la difficulté du relief fait place à une sensation de bien-être. Au col de San Bernardino, en commandant une bière, pour profiter du lac et observer les marmottes, je suis surpris que l’on me réponde en italien, la frontière n’est pas loin.
La descente permet de faire des kilomètres sans se fatiguer jusqu'à Locarno et le lac majeur, un air de Dolce Vita flotte sur cette cité du Sud de la Suisse. Retour à Bellinzona pour attaquer le mythique Saint-Gothard. Il se monte tranquillement par paliers d’altitude en faisant des pauses régulièrement. Pour les 10 derniers kilomètres, l’asphalte laisse la place aux pavés. Des pelotons de cyclistes pros s’entraînent sur les pentes de ce géant et m’encouragent dans les derniers virages. Le col est dans la brume, le temps de se couvrir et je file à Andermatt pour la nuit.
Derniers lacets du Saint-Gothard
Au programme du jour, encore un grand col, la Furkapass. Un train panoramique traversant cette vallée m’accompagne dans les premiers kilomètres de l’ascension. En référence à Goldfinger, un panneau indique être sur la James Bond Street. Avant le col, dans un épais brouillard, apparait, tel un fantôme, un ressortissant anglais avec son Aston Martin, Sir Sean CONNERY peut-être !
Mon itinérance me conduit un peu plus bas au mythique hôtel du Belvédère et au glacier du Rhône qui fond inexorablement. Atahualpa me conduit au Grimsel Pass, dernier grand col des Alpes, avant de descendre à Interlaken. Les 40 kilomètres, entre lacs, cascades et tunnels sont grandioses. La chaleur revient, m’indiquant que le voyage prend fin.
Une dernière journée de vélo me conduit à Aigle, au bord du Lac Léman. Mes hôtes WarmShowers sont des amis de la famille BOITTE rencontrée au Monténégro, improbable ! La soirée est passée à se raconter nos aventures à vélo dans les Alpes.
Je rentre tranquillement en France en passant par Vevey, Lausanne et le Jura Suisse.
La Suisse demeure parmi mes plus beaux voyages à vélo, un paysage magnifique pour l’amoureux de la montagne que je suis. Une population bienveillante à l’égard des cyclistes, toujours prête à rendre service. La définition du paradis ?
EN PRATIQUE :
Comment s’y rendre : La Suisse est un pays facilement accessible depuis la France, en voiture ou en train. La Suisse abrite un réseau de chemin de fer impressionnant mais cher.
Où se loger : L’hébergement est très cher, à vélo privilégiez l’accueil chez l’habitant ou le bivouac toléré en montagne.
Se nourrir : Je faisais mes courses dans les grandes surfaces, ce n’est pas plus cher qu’en France. Par contre pas de restaurant.
Parcours : Un parcours adapté à mon profil, mêlant découverte des paysages, histoire et dénivelé, en préparation d’une course cycliste en août. Il y a de nombreux circuits vélos balisés pour tous les profils sur le site SuisseMobile.